Date : 4 AOUT 1993
L'EMPEREUR DU JEAN DEMISSIONNE
Georges Marciano, le Francais "le plus riche d'Amerique" a demissionne soudain de l'empire "Guess" qu'il avait cree de toutes pieces avec ses freres en 1981. Il a disparu sans laisser d'explications.
Los Angeles
Si en France il est de bon ton de porter un jean Levi's, aux Etats Unis, cela signifie plutot un portefeuille econome et une classe sociale moyenne. Pour etre vraiment "dans le coup", il importe d'avoir sur sa fesse droite le logo des jeans Guess, synonyme de classe et d'elegance. Autant le dire, la reussite de la societe Guess, fondee en 1981 par la famille Marciano qui s'etait dit qu'avec l'arrivee des socialistes au pouvoir, il etait preferable d'aller faire du business ailleurs, est exemplaire. Et, fait extraordinaire, en l'espace de dix ans, Georges Marciano et ses freres ont reussi a battre les Americains sur leur propre terrain, le jean, symbole planetaire du cow-boy et du rock and roll.
Avec un capital de depart de 100.000 dollars, Guess Inc. s'est progressivement transforme en un veritable empire du textile, representant aujourd'hui 500 millions de dollars de chiffre d'affaires annuel et l'un des premiers employeurs californiens du secteur. Fuyant les journalistes comme la peste, Georges Marciano, devenu milliardaire -il n'etait pas rare de voir Georges Marciano faire la navette entre Paris et Los Angeles a bord de son avion prive et d'ecumer les galeries de peinture- a plus que jamais adopte la politique de la discretion. Selon certaines informations, sa politique de gestion aurait ete mise en cause par ses freres Armand, Paul et Maurice. Ce dernier prendra a partir d'aujourd'hui les fonctions de PDG.
Au mois de mai dernier, Georges Marciano avait achete 20% d'une societe en faillite, specialisee dans le sportswear, Cherokee. Etait-ce la son premier mouvement vers une independance totale? Le fondateur de Guess -age de 46 ans- a fait savoir qu'il vendait l'ensemble de ses actions (40% du capital) et qu'il demissionnait de toutes ses fonctions directoriales. Malgre les innombrables appels telephoniques de la presse economique americaine et francaise, la societe s'est refusee a tout commentaire.
Pierre Jovanovic