De tous les stigmatisés, elle a été la seule à voir son Ange gardien en permanence.
Gemma Galgani est un véritable diamant de la "Fleur des
saints", un personnage unique de l'Eglise car comme Marilyn
Monroe, sa beauté a été figée par sa mort. Incontestablement,
elle est la sainte la plus jolie de toutes les saintes de
calendrier car la "Divine Providence" lui a accordé une beauté
fulgurante, presque irréelle, avec des traits d'une noblesse et
d'une finesse dignes de ceux de Carole Bouquet du temps où elle
jouait dans "Cet obscur objet du désir" de Bunuel. Gemma Galgani,
c'est l'aristocratie du luxe discret, la puissance de l'humilité,
victime volontaire de la brutalité divine. Gemma Galgani, c'est
presque une illustration du roman "L'Ange de Feu" ( Ecrit
par l'auteur russe Valery Brysov, son contemporain (1873-1924).
"L'Ange de feu", servit plus tard de base au compositeur Serge
Prokoviev. Son opéra est, hélas, ennuyeux à mourir... ) ,
qui raconte comment une jeune femme, Renata, recherchait son Ange
gardien qu'elle avait eu le privilège de voir en permanence
durant son enfance, un peu comme la religieuse brésilienne
Cecilia Cony. Mais Renata, contrairement à Cecilia Cony, a outragé son Ange, Maniel, lorsque,
atteignant la puberté, elle lui demanda en toute innocence de lui
faire l'amour. L'Ange la quitta en lui promettant toutefois de
revenir sous une forme humaine lorsqu'il serait temps. Dès lors,
Renata, devenue femme, n'eut de cesse de le retrouver et tentait
de déceler en tout homme la présence de son Ange. Il s'agissait
d'un roman reposant sur la relation entre le monde terrestre et
le monde céleste et où s'entremêlaient Anges, démons et humains
dans un perpétuel combat d'âmes, cadre qui sied parfaitement à
Gemma Galgani. Elle passa sa (courte) vie baignant dans le
surnaturel comme d'autres dans la musique. Anges et démons
livraient bataille quotidienne pour l'âme de cette jeune et
magnifique vierge. On le comprend. J'en connais qui n'auraient
même pas hésité une seconde à affronter Satan lui-même pour ses
beaux yeux.
La vie de Gemma Galgani est un résumé de ce combat
permanent, des tribulations de chaque âme. Simplement, chez elle,
il fut porté au paroxysme. Ame prédestinée, Gemma accepta très
tôt sa mission sans vraiment savoir de quoi il s'agissait. Mais,
dès la fin de son adolescence par exemple, elle voulut devenir
religieuse passioniste. Et comme d'habitude, à l'âge de 20 ans,
une paralysie des jambes -le mal de Pott- l'immobilisa. Comme si
cela ne suffisait pas, elle fut ensuite terrassée par une tumeur
au cerveau assortie d'une otite purulente.
Les médecins défilèrent à son chevet, l'opérèrent à
plusieurs reprises, mais, incapables de la soigner, décidèrent
finalement de l'abandonner, décrétant que la science ne pouvait
l'arracher à une mort rapide. Gemma cependant ne se résigna pas.
Sa vie spirituelle était déjà prodigieuse et, clouée au lit, elle
entama une neuvaine au Sacré-Coeur de Jésus et à Marguerite-Marie
Alacoque. Au lendemain du neuvième jour, elle se rétablit
inexplicablement de tous ses maux. C'était le vendredi 3 mars
1899. A partir de ce jour, bien plus reconnaissante au Christ
qu'aux médecins, Gemma observa régulièrement l'heure sainte (tous les jeudis soirs, de 23h à minuit. ) , habitude
qui l'emporta vers une dévotion constante du Christ. Et comme
tous les stigmatisés, c'est un vendredi, en mars 1901, en priant
devant son crucifix, qu'elle ressentit la flagellation sur sa
chair. Sa mère adoptive la retrouva gisant au sol, le dos
ensanglanté et strié de coups. Par la suite, Gemma Galgani allait
revivre la Passion du Christ tous les jeudis à partir de 20
heures et ce jusqu'au vendredi 15 heures.
Si les théologiens ont toujours tendance à comparer les
saints entre eux et discuter de leur mérites et puissances
respectifs (un peu comme des voitures de sport), alors on ne peut
que noter les similitudes étonnantes entre Gemma Galgani et
Thérèse de Lisieux. Toutes les deux, d'une simplicité et d'une
candeur à faire pleurer un bourreau, escaladèrent les marches de
Saint-Pierre de Rome à une vitesse éclair: Gemma mourut à l'âge
de 25 ans et Thérèse à 24 ans (à la mort de Thérèse de Lisieux,
Gemma avait 19 ans). Mais si la carmélite ne portait pas la
signature du Christ, Gemma, bien que laïque, participa de son
plein gré à la Passion, la porte ouverte aux grâces surnaturelles
les plus étonnantes. Outre les lévitations et communions à
distance, Gemma Galgani put ainsi "voir" son Ange gardien et
s'entretenir régulièrement avec lui pendant toute sa vie.
Certains considèrent Gemma Galgani comme une mystique
mineure, sans doute parce qu'elle ne "voyait rien" comme
Hildegarde von Bingen et qu'elle n'était ni tertiaire dominicaine
douée, ni carmélite extasiée, ni franciscaine troublée mais tout
simplement une laïque stigmatisée. On retrouve pourtant dans ses
mémoires des passages qui immanquablement font penser aux extases
plus que déconcertantes d'Anne-Marie Alacoque, d'Angela de
Foligno ou de Marie-Madeleine de Pazzi. On découvre aussi les
lignes, classiques pourrait-on dire, des déclarations christiques
faites aux épouses mystiques, condamnées à vivre dans la
souffrance, en échange de Son amour.
Si l'Ange gardien de Gemma demeurait en second plan,
l'ensemble de leur relations relevait du "grand amour": l'Ange la
surveillait, lui faisait du café, lui expliquait les Mystères,
l'embrassait, mais surtout l'aidait de son mieux à souffrir pour
le Christ. Quant à Gemma, elle s'adressait à l'être céleste et
plus d'une fois ses proches la virent marchant, tout en parlant à
un interlocuteur invisible.
Bien que laïque, la splendide vierge fut canonisée 37 ans
seulement après sa mort. En raison de divers signes surnaturels
et guérisons inexplicables, Rome s'est intéressé à son cas en
1917 et elle fut proclamée sainte le 26 mars 1936. Depuis, son
visage continue à fasciner les foules, un peu comme celui,
énigmatique, de Greta Garbo. Gemma Galgani, c'est le mystère des
Mystères, l'Amour d'une vierge pour Celui qui a aimé le monde, et
leur colloque de souffrances nous semble appartenir à un monde
absurde. En apprenant à souffrir comme Il a souffert, en
réussissant à résister aux tentations, et en parvenant à se
mortifier au point de tuer en elle tout désir qui aurait pu
mettre en danger sa virginité, Gemma s'est hissée à Son niveau et
s'est débarrassée de toute tache. Avec une telle pureté, voir son
Ange gardien lui était aussi naturel que pour nous de voir le
facteur tous les matins. Gemma cependant n'a guère décrit son
compagnon car elle voyait l'Ange comme elle voyait sa belle-mère ou son confesseur.
Sa présence pour elle n'avait rien d'exceptionnel et dans sa
simplicité d'enfant, elle ne se rendait absolument pas compte que
cela aurait pu passionner des milliers de gens. Elle évoluait
parmi les Anges comme un cygne sur un lac, insensible à la beauté
qui l'environne. Seul le Christ comptait à ses yeux. Même son
confesseur, le très strict père Germain, marquera sa surprise en
entendant Gemma lui expliquer que son Ange lui avait dit ceci ou
cela et il lui demanda d'être prudente, puisque n'est-il pas
écrit que le diable peut se déguiser en Ange de Lumière, et par
conséquent de repousser toute vision. Alors Gemma, toujours dans
sa naïveté désarmante, lui écrira quelques jours plus tard que
lorsque l'Ange arrive, ils bavardent ensemble et adorent Dieu.
Elle lui demandera même "Est-ce bien ainsi? Dites-moi si je suis
dans l'obéissance?". Même le confesseur ne savait plus quoi lui
dire. Pourtant, elle finira par "tester" la présence, obéissant à
la lettre aux ordres du père Germain et cela nous permet de dire
qu'il s'agit du seul cas dans les annales de l'angéologie moderne
où un protégé crache sur son Ange gardien!!
"Un jour que l'Ange gardien se présenta, Gemma lui cracha à
la figure, cherchant à le renvoyer. Mais l'Ange ne bougea
pas, et même, là où cracha Gemma, aux pieds de l'Ange surgit
une rose blanche; sur ses pétales était inscrit en lettres
d'or "on reçoit tout de l'Amour" ( Page 153 in "La
folie de la croix, tome 2" op. c. )
Ce détail est important car sincèrement quelle idée de
vouloir cracher sur un Ange? C'est grotesque et fort laid,
tellement laid d'ailleurs qu'il est clair que ce ne peut être une
anecdote inventée. Mais le père Germain craignait sans doute que
le Malin ne profite de la naïveté de Gemma. Finalement il décida
de vérifier lui-même. On ne sait trop comment il est arrivé à
cette conclusion, mais il écrivit qu'ayant assisté "plusieurs
fois personnellement aux prières et aux méditations de Gemma et
de son Ange, j'ai pu me convaincre, par mes seules observations
extérieures, de la réalité de tous les détails qu'elle me donnait
ensuite dans ses comptes de conscience". Les observations
extérieures dont parlait le prêtre n'ont rien à envier à ce que
l'on faisait subir aux enfants qui affirmaient voir la Vierge:
"Toutes les fois, a-t-il remarqué (le père Germain), qu'elle
levait les yeux sur l'Ange pour l'écouter ou lui parler,
même en dehors de la prière, elle perdait l'usage des sens.
On pouvait alors la secouer, la piquer, la brûler, sans
réveiller sa sensibilité. Mais dès qu'elle avait détourné
ses regards de l'Ange ou cessé le colloque, ses relations
avec notre monde reprenaient. Ce phénomène se renouvelait
infailliblement à chacune de ses communications avec
l'Esprit bienheureux, si rapprochées fussent-elles". (Page 231 in "La Bienheureuse Gemma Galgani", Germano et
Félix, Revue de la Passion, Librairie Mignard, Paris, 1933. )
Selon le prêtre, Gemma lui envoyait aussi des messages que
son Ange se chargeait de lui remettre, même lorsqu'il se trouvait
en consultation à Rome. Il retrouvait dans sa chambre des lettres
de Gemma sans timbre! Cela l'a tant impressionné, qu'il ne douta
plus jamais de la présence de l'Ange gardien de Gemma Galgani.
Mais depuis, son visage, si merveilleux, et qui n'est pas sans rappeler celui de Greta Garbo, ne manque jamais de créer un choc chez ceux qui la découvrent pour la première fois, trop habitués àvoir des portraits de saintes assexuées ou vieillissantes...
Gemma Galgani est incontestablement LA "top model" de la Fleur des Saints !
( extrait du chapitre consacré à Gemma Galgani dans le livre
"Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens" )