DES PRESIDENTS et DES LIVRES, FRANCOIS MITTERRAND et les FORCES DE L'ESPRIT Pierre Jovanovic
  dans un 2e onglet  



Des Présidents avec des livres et d'autres sans.. .





"L'an prochain, ce sera mon successeur qui vous exprimera ses voeux. Là où je serai, je l'écouterai le coeur plein de reconnaissance pour le peuple français qui m'aura si longtemps confié son destin et plein d'espoir en vous. Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas. Je forme ce soir des voeux pour vous tous en m'adressant d'abord à ceux qui souffrent, à ceux qui sont seuls, à ceux qui sont loin de chez eux. Bonne année, mes chers compatriotes. Bonne année et longue vie. Vive la République, Vive la France".

    François Mitterrand est le seul Président de la République à avoir osé dire qu'il croyait à des forces qui nous dépassent: "Je crois aux forces de l'esprit et je ne vous quitterai pas" est une phrase désormais gravée dans le marbre. Mais elle est avant tout le reflet de son mysticisme. Ce n'est pas vraiment par hasard que le Canard Enchaîné et ses proches l'avaient surnommé "Dieu"... Maintes fois, ses gardes du corps l'ont vu entrer dans des petites églises de province et s'allonger sur le sol devant l'autel (malgré son âge et ses problèmes de santé) comme quelqu'un qui a atteint une profonde communion avec le Christ. Seuls les mystiques s'allongent à même le sol devant l'autel...

    En 1993 et 1994, tous les médias culturels et féminins ne parlaient que des Anges gardiens (grâce à la présence de mon livre dans la liste des meilleures ventes), dans son émission télévisée Bernard Pivot a donc demandé à François Mitterrand: "Croyez-vous à votre Ange gardien, monsieur le Président?". C'est une question qui m'a fait très très plaisir car je n'aurais jamais imaginé Mitterrand confronté à une question aussi personnelle et cela directement à cause de mon ouvrage. Sa réponse, très florentine, a respecté la "séparation" entre le chef de l'état et sa croyance personnelle. Mais très intéressante puisque la "part des anges" du cognac a refait surface !

    Le film "Le Promeneur du Champs de Mars" ainsi que tous les livres consacrés aux dernières années du président ont montré à quel point Mitterrand a fasciné et fascine toujours les Français. Il a été le dernier des grands présidents. D'ailleurs il a dit: "Après moi, il n'y aura plus que des avocats et des financiers". Les faits aujourd'hui lui donnent raison. Mais une chose est sûre: Mitterrand, comme Pompidou et De Gaulle ont été des grands présidents de la France, parce qu'ils étaient avant tout des littéraires et parce que leur sagesse provenait en grande partie des 10.000 ou 20.000 livres qu'ils avaient lus. Photo: Gisèle Freund.


    ( retrouvez ce que dit François Mitterrand sur les Anges dans le livre "Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens, la version 600 pages" )


Wouaaa... Incontestablement le message envoyé par cette photo est qu'Emmanuel Macron va s'accrocher au pouvoir et qu'il ne le partagera pas. Il tient solidement le bureau officiel de la France des deux mains. Un livre (de De Gaulle + Stendhal) est posé derrière lui, ce qui respecte le code "littéraire" de la photo officielle élyséenne sans reprendre toutefois la bibliothèque favorisée par le général De Gaulle. L'horloge posée et bien en vue (et sortie spécialement du bureau où se tient le conseil des ministres) rappelle que Macron veut contrôler le temps, puisqu'il se veut être le "maître des horloges"... oubliant tout de même que Chronos avait mangé ses enfants. La perspective offerte par la fenêtre ouverte sur le jardin montre son "ouverture" au monde, même si c'est avant tout une ouverture aux... arbres/choses figés. Macron est lui aussi figé avec quand même un petit sourire... Il occupe TOUT l'espace, pas de place pour la gauche, ni la droite... Très fin... Cependant sa pose indique clairement un pouvoir "très fort" à venir, en particulier européen: le drapeau français est à gauche (passé) doublé du coq et l'européen à droite (futur) doublé de l'horloge. Le ton est donné: la France est derrière et va être diluée, ce n'est qu'une QUESTION DE TEMPS... Ce n'est pas une dictature, mais la photo insiste bien que tout le pouvoir est entre ses mains et qu'il ne l'abandonnera pas facilement. Le second mandat est déjà en vue! Effacées les mauvaises photos de Sarkozy et de Hollande, celle-ci étant un mix habile et créatif de celles de Chirac et Mitterrand. Du point de vue de l'exercice de style -et des symboles- il s'agit d'une réussite totale puisque même le coq français y a trouvé sa place au-dessus d'une clochette. Photo: Soazig de la Moissonnière.



 


C'est Raymond Depardon qui a saisi François Hollande dans le jardin de l'Elysée en mai 2012. Elle ressemble considérablement à celle de Jacques Chirac faite par Bettina Reims. Le drapeau français est assez loin, sur sa droite, avec le drapeau européen (mais celui-ci commence à s'éloigner si on regarde la photo de Sarkozy)... En revanche, cette photo a quelque chose de nouveau: François Hollande est en mouvement comme s'il allait sortir soudain du cadre. En plus, il n'est pas au soleil, mais dans l'ombre, comme quelqu'un qui veut rester caché. C'est effectivement une première. Les autres présidents étaient tout de même assez figés, au garde à vous, en fait bien "encadrés"s comme on dit. Faut-il en conclure que François Hollande sortira vraiment du cadre à un moment donné? Mon pronostic, bien avant cette photo, a été qu'il ne finira pas son mandat parce que la crise financière paralysera la France et qu'il sera dépassé par les événements. N'oubliez pas: quatre minutes seulement après que son avion ait décollé, il a été frappé par la foudre et obligé de faire demi-tour. Définitivement un mauvais présage. PS: admirez le drapeau hollandais à gauche, telle une serviette de plage en train de sécher.








Comment Nicolas Sarkozy a-t-il pu laisser publier cette photo ? On a l'impression qu'il a du ventre, et surtout qu'il est tout petit, écrasé par ces drapeaux et la bibliothèque... Regardez les photos de Pompidou ou de De Gaulle en bas, et vous verrez que leur tête arrive tout en haut du cadre, même si Pompidou était loin d'être aussi imposant que le "grand Charles". Le photographe Philippe Warrin a vraiment raté la photo et Dieu seul sait que Sarkozy n'avait pas besoin de ça. Mais au moins, s'il pose, comme Pompidou, Mitterrand et De Gaulle devant une riche bibliothèque, cela veut dire qu'il doit lire... Mais la photo, elle, est un vrai "loupé".



 


Chirac a annoncé la couleur: "je pose devant mon château, je suis beau, cool, j'aime tout le monde, et surtout la belle vie". Plutôt que d'être dans un endroit confiné, il a voulu de l'air, de l'espace, de la liberté. Dans ce cadre, si j'ose dire, la photo de Bettina Rheims est une réussite car bien à l'image de Jacques Chirac. Il ne tient pas de livre entre ses mains, mais il a lu mon Enquête sur l'Existence des Anges Gardiens...





La photo qui représente le mieux le président de la France et des Français, l'un des peuples qui lit le plus au monde... Ecrivain, collectionneur de livres anciens, passionné par la littérature, la France et la politique, François Mitterrand est devenu le président qui au final a le mieux incarné la Ve République avec le général De Gaulle. Cette photo de Gisèle Freund est une réussite absolue: elle est chaleureuse, souriante, en clair-obscur mais à livre ouvert. Un président qui a su entrer dans l'Histoire en tenant les "Essais" de Montainge dans ses mains.



 


Cette photo de Jacques-Henri Lartigue illustre bien les années "modernes" de Valéry Giscard d'Estaing. Elle est vide de sens et plate, comme l'ont été les années Giscard. Heureusement qu'il n'a pas été élu pour un second mandat. Pas de livres non plus, ni de jardin comme pour Chirac. En fait, cela me fait penser à une publicité pour lessive: "Giscard lave plus blanc"





Pompidou a respecté le style de la photo de De Gaulle, tant il est vrai que lui succéder n'a pas dû être facile. Mais pour ce fin littéraire, la présence de la bibliothèque est naturelle. Une photo propre, classe, classique, transmettant bien l'autorité du chef de l'état et celle de la République. Photo: François Pages.



 


Homme de lettres par définition, historien militaire, officier et homme politique, Charles de Gaulle a choisi délibérement la bibliothèque pour son portrait officiel puiqu'il a écrit une cinquantaine d'ouvrages. Néanmoins ce qui sort de cette photo est l'autorité de l'Etat, et surtout une certaine pesanteur. Mais vu l'époque, c'était normal. Photographe: Jean-Marie Marcel.