01 47 42 20 96 COURS DE LA 50FR HERCULES EN FRANCE En mars 2008 elle était à environ 7€ cliquez sur le graphique. |
'' J'ai commencé cette revue de presse le 20 février 2008 à cause de la Société Générale qui a utilisé Jérôme Kerviel pour dissimuler ses pertes apocalyptiques dues aux subprimes, au moment même où d'autres banques (UBS, HSBC, Bear Sterns, DeutscheBank, Monte-Paschi, Lehman Brothers, etc.) cherchaient des milliards pour masquer les leurs! '' |
01 42 36 20 39 COURS OR LINGOT € toutes les 60 secondes, 6 jours sur 7, 24h sur 24 en provenance de Hong-Kong Tokyo Londres Sydney Chicago Metal New York Metal Exchange En décembre 2007, le lingot valait 18.200 € |
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last update: 12:32:51 Tuesday 29-Oct-2024 (note: cette Revue de Presse vous permet de lire toutes les informations sur une seule page de type ''Telex AFP'' sans avoir à cliquer "150.000" fois) BEYROUTH Le hasard des dates a fait que je me suis retrouvé à Beyrouth le même jour que la conférence de Carlos Ghosn... Aussitôt terminée, tous les journalistes ont repris l'avion. Pourtant, il y avait un sujet autrement plus sérieux: par la volonté du gouverneur de la Banque Centrale, Mr Riad Salameh, et surtout de l'Association des banques, les Libanais pauvres ne peuvent plus retirer que 200 dollars par semaine de leur compte, et les Libanais riches un peu plus de 400 dollars. La banque ne fait pas la différence si le client est célibataire ou bien s'il est marié avec 2 ou 3 enfants et que son épouse ne travaille pas. Ou qu'il doit payer son loyer en dollars. En clair, le Liban a inauguré le premier grand bank-run du XXIe siècle, mais c'est à peine si cela intéresse la presse européenne! Le sujet a été abordé par-ci par-là, à dose microscopique et au bout d'une gaffe, expliquant que le pays traverse une crise financière et bancaire... Pour ma part, c'est à peu près ce que j'avais en tête avec quelques vidéos de Libanais énervés dans leur agence. Mais j'étais à deux mille lieux d'imaginer ce que j'allais apprendre et voir une fois sur place. Dans ce reportage (financé par vous mes très chers lectrices et lecteurs, je le précise) vous allez découvrir ce qui nous attend en France, vu qu'au final, la situation des banques libanaises n'est pas si éloignée que ça de celle des banques françaises. Et c'est justement à cause de cela que ce reportage sur place est passionnant. Pour votre information complémentaire, sachez que dès la mi-décembre, les Libanais les plus riches ont pris leur avion (privé) pour Londres, Paris, Madrid et Rome où ils ont massivement acheté... de l'or. J'en ai d'ailleurs eu la confirmation par mes contacts voici quelques jours à Paris. A l'heure où vous lisez ces lignes, un drame monétaire se joue au Liban, et un plus grand encore se prépare: en effet, jamais je n'ai vu une Banque Centrale d'un pays normal, pas même à Chypre ou à Athènes, être entourée de fils barbelés et protégée (de la colère du peuple) par l'armée...
C'est vous dire à quel point la situation au Liban est gravissime. Révoltés contre leurs hommes politiques, les Libanais ont bien failli brûler leur Banque Centrale fin décembre 2019, imitant en cela les Iraniens (eux y sont parvenus).
Mais Beyrouth n'est pas Téhéran. Le Liban a toujours été une grande place financière, et les banquiers libanais respectés, témoin ces chiffres clés de 2018: 142 établissements bancaires existent au Liban dont 62 grandes banques, gérant 1.060 agences et employant pas moins de 26.000 salariés. Ce n'est pas le Zimbabwe ou l'Iran... Et voici l'aberration: sur un total de 175 milliards de dollars américains de dépôts, seuls 55 milliards sont en... livres libanaises!!! Les Libanais stockent les dollars US, mais payent leurs courses avec des livres libanaises pour s'en débarasser, et cela en raison de la loi de Gresham. Autrement dit, ne tenant pas compte de l'Histoire, les gouverneurs de la Banque Centrale du Liban ont copié et amené leur pays dans la même situation que l'Argentine en 2001 ou la Yougoslavie en 1993. Ou même le Zimbabwe de 2016 ! Le peso argentin était adossé (peggé pour les anglo-saxons) au dollar US et le dinar yougoslave était adossé au deutsche mark. Mais voici la grande différence: En Argentine et en Yougoslavie, le bank-run a eu lieu APRES que le gouverneur de leur Banque Centrale ait soudain décidé de "détacher" (et, surtout, sans prévenir la population) le cours de sa monnaie de la monnaie étrangère qui sert de "la". Ici au Liban, en ce mois de janvier 2020, le bank-run a donc commencé AVANT MEME que Riad Salameh ait détaché la livre du dollar!!! Officiellement, la livre est toujours "peggée" au dollar de l'oncle Sam. Félicitations au peuple Libanais, cela montre qu'il a parfaitement compris ce qui va se passer. Et à moins d'un miracle (saoudien ou qatari qui déposeraient 100 milliards de dollars) le futur s'annonce bien gris, voire carrément révolutionnaire. Car comme ses homologues argentin ou serbe, Riad Salameh sera obligé de détacher la livre libanaise du dollar ou bien la dévaluer de 50%... aux conséquences semblables, catastrophiques, voire sordides. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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Sachez que CHAQUE JOUR, en ce moment même, les Libanais patientent en file indienne, avec un numéro dans la main, pendant 1 heure, 2h et parfois 3 ou 4 heures, juste pour pouvoir retirer quelques petits billets de leurs avoirs en dollars après une discussion avec le chargé de comptes qui décide s'il va leur donner 100 ou 200 dollars. La photo ci-dessous par exemple explique que la personne est arrivée dans cette filiale de la Société Générale (si, si) vers 9h30 du matin et elle a eu le numéro... 309. !!! A 15h, ce client attendait toujours dans la banque pour obtenir son cash, limité au minimum 200 ou 300 dollars, et il écrit sur son Facebook: "Des milliers de gens sont humiliés ainsi chaque jour simplement parce qu'ils veulent retirer leur propre argent" !!! Humiliation, en effet, c'est d'ailleurs ce que vivent aussi en France les gens qui ont un compte à la Banque Postale et qui ne peuvent pas retirer leur argent pour cause de "terrorisme"... Regardez les vidéos l'une après l'autre, et vous allez comprendre ce qui nous attend - et les vigiles ne serviront à rien. La première se passe par exemple dans la Banque du Liban et d'Outre-Mer (ou plutôt d'Outre-Tombe). Dans la 6e video ce sont les banquiers de la Audi Bank qui passent à tabac un client furieux !!!! Cela s'est passé le vendredi 10 janvier 2020.
Une bonne centaine d'employés (et aussi des clients) ont ainsi été agressés dans tout le pays, obligeant l'Association des Banques libanaises à fermer les agences pendant 2 semaines (donnant ainsi un bol d'air à la Banque Centrale qui a encouragé cette fermeture de toute urgence, mais chuuut, il ne faut pas le dire).
Ce qui n'a servi rien. Les agressions ont repris dès que les banques ont reouvert comme vous pouvez le voir sur ces vidéos, en particulier la 6e, qui a eu lieu lors de ma présence à Beyrouth. LibanNews a ainsi écrit le 2: "Le Syndicat des Employés de Banque a dénoncé les attaques (de décembre, ...) Ce communiqué intervient alors que circulent sur les réseaux sociaux, de nombreux enregistrements effectués par les déposants face aux refus des établissements bancaires de leur permettre de retirer les sommes nécessaires à la poursuite de leurs commerces, au paiement de leurs loyers ou encore à pouvoir faire face à une possible dévaluation de la livre libanaise -ou à une décote. (...) le syndicat dénonce également la classe politique, coupable d'avoir mené de mauvaises politiques financières commises depuis la conclusion des accords de Taëf, conduisant le pays à la faillite et au défaut de paiement. Le communiqué conclut en appelant les forces de sécurité à protéger les déposants et les employés de banques" Notez la phrase qui tue: les banquiers de base dénoncent, avec 20 ans retard, la corruption de leurs supérieurs qui ont travaillé la main dans la main avec les politiques libanais responsables du désastre. Comble du comble, ce n'est même plus la police qui enquête sur les agressions mais les services de renseignements de l'armée !!! Via le Daily Star: "George Azzi and Mohamad Srour were among that the Army Intelligence was able to identify, the Army said ... Azzi confessed to breaking the main entrance of two Credit Libanais branches in Jounieh and Zouk Mosbeh on Jan. 5 with an iron hammer, as well as to burning an ATM machine with fuel.". La révolution libanaise, c'est aussi la révolte (toutes religions confondues) contre l'oligarchie des banquiers libanais et ces derniers sont maintenant dans une position dramatique. Ils ont déjà appris à fermer les guichets pour se défendre... En cas de faillite globale du système bancaire libanais, ils devront courir très vite. Les Libanais ont le sang très chaud. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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C'était trop beau. Imaginez ceci: la Banque Centrale dit que le cours du dollar est de 1.515 livres libanaises, alors que les changeurs dans la rue vendent le même dollar à 2.600 livres.
L'écart est intenable. La fenêtre sera inévitablement soit fermée, soit la livre libanaise violemment dévaluée (ce qui va créer des protestations encore plus violentes) soit les banques se servent directement sur les comptes... "Things seem to be going from bad to worse for Lebanon's economy. Fitch downgraded the country's credit rating to CCC, meaning both it and Moody's now rate Lebanon's bonds as junk. Ten days later, on Sept. 2, the country's top officials and bankers declared Lebanon was in a state of economic emergency" écrivait déjà en septembre Middle East Institute. De plus, cet écart rappelle trait pour trait ceux qui se sont produits en Yougoslavie et en Argentine. A mon humble avis, les chances d'un défaut de paiement sont de 70% d'autant que les émeutes ont repris ce vendredi un peu partout dans le pays. Ceux qui se trouvent de l'autre côté du CDS vont pleurer. Les banques et fonds de pension étrangers possèdent pour 9 milliards de dettes libanaises... C'est pas rien! . A vrai dire, un défaut du Liban pourrait même entraîner un joli effet domino, l'air de rien, sur le système européen, déjà bien fragilisé. Et Dieu seul sait que le système bancaire européen n'a guère de besoin de cela en plus. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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Le gouvernement de Pretoria, apprenant que Miss Bikini avait touché un chèque de 15 millions, des Rolex, des voitures de sport, des diamants, etc., l'ont collée au tribunal pour ne pas avoir déclaré la somme aux impôts !
"She insisted that the money was sent as a gift and was therefore not taxable under South African law. In the ensuing court hearings, her lawyers presented her benefactor as an ''extremely well-to-do Middle Eastern gentleman.'' " Du coup vous comprenez mieux les textes (ci-dessus) écrits par la population sur les murs de la Place des Martyrs et pourquoi ils ont un caractère si sexuel... Et quand Saad Hariri a voulu taxer les Libanais qui utilisent WhatsApp et Telegram pour téléphoner, là, ce fut la taxe de trop qui a fait déborder le vase (il faut dire que le fils Hariri avait beaucoup investi dans les télécoms, sans imaginer une seconde qu'avec internet, les communications longue-distance deviendraient gratuites). Même s'il a été forcé à démissionner en décembre 2019, le destin lui a quand même été favorable: si son père a hélas sauté sur une bombe, lui a sauté à cause d'une bombe anatomique: "Van der Merwe's court battles come at a terrible time for Hariri as his political and business empires lay in ruins", lire ici la presse africaine. Moralité: au Liban même les bombes sexuelles font des dégâts. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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Mais cette soumission au dollar a amené (entre autres) la crise financière et bancaire de 2020. De plus, tout le monde susurre à Beyrouth que les Etats-Unis, dans leur volonté d'étouffer le Hezbollah (parti libanais pro iranien et une des Milices libanaises), ont décidé d'assécher ses finances, quitte à faire des victimes collatérales, les Libanais. Ajoutez:
- 2 millions de réfugiés syriens - 40% de chômage - la diaspora libanaise qui n'envoie plus autant d'argent au pays depuis que le Hezbollah a pris le contrôle du pays - les contrats d'assurance et les loyers qui sont rédigés en dollars - 70% des Libanais qui gagnent moins de 10.000 dollars par an ( environ 700 euros par mois) - les 1% les plus riches possédant 25% du pays - que depuis le 17 octobre, les commerces ont soit baissé les salaires de 50%, soit licencié la moitié du personnel, n'ayant plus de clients et vous avez une situation impossible pour les finances de l'Etat déjà bien déficitaires. Résultat: les banques n'ont plus assez de dollars et personne ne veut de la livre libanaise sachant qu'elle va perdre 50% de sa valeur. Comme il n'existe aucune industrie au Liban, 98% des biens sont importés de l'étranger et payés en dollars, le pays dépend de ses réserves en devises. Regardez les chiffres: - l'endettement du Liban est de l'ordre de 150%, dans le tiercé de tête mondial avec la Grèce et le Japon. - le système bancaire a 175 milliards de dollars de dépôts dont seulement 55 milliards en livres libanaises. - les prêts en cours au secteur privé sont de 53 milliards - les prêts en cours au gouvernement sont de... 31 milliards de dollars La Banque Mondiale, terrorisée par cette crise libanaise de 2020, explique qu'à ce rythme d'aggravation, les pauvres pourraient alors représenter 50% de la population libanaise, soit 2,5 millions de citoyens et détruire au passage tout le secteur bancaire, la seule industrie qui gagnait de l'argent... L'Université Carnegie Middle East Centera la même analyse: "Debilitating social conditions will intensify. This kind of economic collapse will cause catastrophic wealth destruction. Poverty rates could rise to more than 40% of the Lebanese population with 1.6 million people unable to afford food and basic nonfood items. Unemployment will increase and much of the middle class could be eliminated." Mais voici le plus grave: à la fin de la guerre civile, en 1990, la dette du Liban était de 3 milliards de dollars. Aujourd'hui, elle est de 87 milliards de dollars pour un pays de 5 millions d'habitants. Les gouverneurs de la BDL auraient mieux fait d'écouter le Pr Fekete: "Seul l'or éteint la dette, la monnaie papier ne fait qu'en créer de nouvelles". Du coup, le Liban risque tout simplement d'exploser (voir l'interview plus bas de Charbel Nahas, réalisé, précisons-le bien après cet article). Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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Pire du pire: les clients ne peuvent même pas retirer des... livres libanaises au distributeur !!!!
Et depuis vendredi, les Libanais sont persuadés que leur dépôts seront amputés pour... SAUVER LES BANQUES ! !!! Qui aurait imaginé lire une chose pareille à propos de Beyrouth voici encore 1 an ???? Comme d'habitude avec les banques, quand il y a des profits, c'est privé, mais quand il y a des pertes, elles se récupèrent sur les comptes des clients. N'oubliez pas, en France les frais bancaires ont augmenté de 1000% depuis le 29 septembre 2008, date de l'explosion de Wall Street et si vous voulez retirer tous vos avoirs on vous dira "terroriste, je vous signale à tracfin". Un lecteur de cette Revue de Presse en vaut trois ! Soyez prévoyants et prudents, surtout avec vos parents ou grands parents qui sont les premières victimes des chargés de compte. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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❤ Soutenez cette Revue de Presse en commandant ici (lien) - les 888, 777 & 666 favoris des lecteurs ✸ La Revue de Presse continue sur le fil X Twitter ici Abonnez-vous ➤ Les videos des livres sont ici Recevez le catalogue couleurs gratuit chez vous. ✸ Les videos sur Tiktok - ✸ Les videos sur Instagram - ✸ Les videos replay sur TwitterJovaReplay ➤ Partagez cette information (et envoyez-la aussi à votre banquier) par : BEYROUTH Rencontre avec Charbel Nahas, ancien ministre du Travail (en 2011 nommé par Najib Mikati) et ancien ministre des Télécommunications (en 2009, nommé par Michel Aoun et Saad Hariri), a un CV qui ferait pâlir d'envie Emmanuel Macron: Polytechnique (Paris), Ponts et Chaussées (Paris) et docteur en anthropologie sociale de l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris). Extrêmement suivi et respecté par les Libanais depuis qu'il a démissionné en raison d'un désaccord, mais poussé dehors (selon le quotidien L'Orient et le Jour) par le Hezbollah iranien. Il a depuis lancé son parti politique et les Libanais placent désormais beaucoup d'espoir en lui à cause de la crise actuelle. Le 3 décembre dernier, lequotidien L'Orient Le Jour le nomme comme l'une des figures de la révolte du 17 octobre 2019: "Un tollé a éclaté sur les réseaux sociaux autour de l'annulation d'une conférence qui devait être donnée par l'ancien ministre Charbel Nahas, l'une des figures de la révolte du 17 octobre, à l'amphithéâtre François Bassil" Comme vous allez le voir, son analyse est claire, précise, ciselée, et ses propos affûtés comme une lame de rasoir. Un intellectuel de type "Formule 1" qui défend la cause des citoyens, et surtout qui nous explique ce qui va se passer, en remettant le tout dans son contexte monétaire et social. Précisons donc que le gouvernement actuel craint sa popularité au point d'annuler sa conférence à l'Univesrité de Beyrouth, pourtant prévue depuis longue date. De quoi le rendre encore plus populaire auprès des Libanais qui traitent tous leurs hommes politiques de corrompus. Pierre Jovanovic: Monsieur le Ministre, quand on regarde les stock d'or de l'Etat, le Liban arrive dans le quarté de tête par habitant avec la Suisse. Le Liban a même plus d'or que l'Espagne alors qu'il n'y a que 5 millions de Libanais. Comment expliquez vous le manque total de confiance des citoyens dans leur propre monnaie et cette faillite monétaire? Plus précisément, pourquoi la Banque Centrale a choisi de s'adosser au dollar américain plutôt que d'augmenter les stocks d'or pour donner la confiance dans la livre libanaise ? Charbel Nahas.: Un peu d'histoire pour que vos lecteurs comprennent bien comment on a autant d'or. Le Liban a été créé en 1920 et les Français avaient mis en place une monnaie qui était entièrement liée au franc, la livre libano-syrienne. Comme tous les ex-pays de l'empire Ottoman, le Liban a hérité de deux choses: sa quote-part dans la dette ottomane et aussi de la Banque Ottomane liée à la gestion de la dette - et qui était en fait la banque Parisbas. Elle a été baptisée Banque de Syrie et du Liban. La banque centrale était en quelque sorte Parisbas et sa devise liée au franc français. Un schéma classique. Cette organisation a duré jusqu'à la IIe Guerre mondiale. A la suite de la défaite de la France, deux États ont émergé: la République Libanaise et la République Syrienne. Elles ont hérité à leur tour d'un institut d'émission commun qui était une banque gérée par les Français, donc une union monétaire, et elles ont héritée des intérêts communs comprenant entre autres les douanes. Il y avait une union monétaire et douanière entre les deux pays jusqu'aux années 1940. Vers 1947 une divergence profonde est apparue entre la Syrie et le Liban. En Syrie il y avait beaucoup plus d'espaces agricoles, et la bourgeoise syrienne avait d'autres aspirations pour ses industries locales. Donc le gouvernement syrien a été heureux de voir le franc dégringoler, ce qui lui a permis d'exporter grâce à la baisse de la livre libano-syrienne.
La Syrie a donc opté pour une devise faible et flottante avec une politique protectionniste, très à la mode à l'époque pour favoriser leur agriculture, leurs industries, etc. Au Liban, la politique adoptée fut exactement l'inverse! Parce que le Liban c'est d'abord Beyrouth, les ports, les banques et l'import-export. Les marchands libanais qui contrôlaient les activités commerciales de banque, de distribution, etc., aussi bien en Syrie qu'au Liban, ont voulu (dans le sens de leurs intérêts donc) une monnaie forte pour favoriser les importations, stabiliser les banques, bref s'enrichir. Les différentes négociations n'ont pas abouti entre les deux pays et c'est là qu'eut lieu la rupture de l'union monétaire libano-syrienne. Pour renforcer leur monnaie, les Libanais se sont mis à acheter de l'or ce qui veut dire disposer d'excédents budgétaires chaque année. Avec ces excédents ils allaient à la Banque de Syrie et du Liban (donc Paribas) acheter des lingots d'or, systématiquement, année après année. Les Libanais ont ainsi acheté des lingots d'or tout le temps et cela a duré jusqu'en 1971. C'était une politique excessivement cohérente liée à un choix de société. Vouloir des excédents signifie avoir un État très peu interventionniste. Il y avait une armée juste symbolique, et pas d'université par exemple. Sinon il n'y aurait pas eu d'excédents... L'Université du Liban est née à la fin des années 60, début 70, parce qu'il y a eu des manifestations massives ici. Le Liban a poursuivi cette politique d'État faible... C'était un choix...
Sachez qu'à l'époque il fallait 5 dollars pour 1 livre libanaise, et en 1972 il fallait 2,5 dollars pour obtenir 1 livre libanaise... La livre a gagné sur le dollar à cause de cette politique. C'était un choix qui a duré 25 ans et c'est comme cela qu'on a accumulé de l'or. Et justement, la guerre civile a été facilitée par la faiblesse de l'État: les chefs de milices étaient essentiellement des migrants ruraux qui ont frappé à la porte de la bourgeoise beyroutine commerçante, et, face au refus d'intégration pour qu'ils aient des postes, cela les a poussés à la contestation violente. Je vous résume: la guerre civile a été UNE des conséquences de cette politique libérale, en place depuis les années 40. La guerre a provoqué un chamboulement complet et c'est une autre classe sociale qui a alors pris le pouvoir. Et il y eut une inversion TOTALE de politique, qui a été réalisée au début des années 90. (note PJ: les Libanais considèrent que la guerre civile a duré de 1975 à 1990) P. J. Après la sortie américaine du standard or en 1971, Beyrouth est devenue "la" place centrale de l'or. La CIA avait même racheté le Casino de Beyrouth en sous-main pour le détruire, parce que le Liban faisait trop de concurrence au dollar et que les billets étaient échangeable contre des lingots... Il y a un lien entre Nixon 1971 et 1975 qui marque le début de la guerre civile au Liban ? C. N.: Beyrouth était devenue l'un des marchés principaux de l'or du fait de cette politique et de la liberté de mouvement des capitaux. La norme en France et ailleurs à l'époque était les contrôles de capitaux alors que le Liban, dès les années 40, c'était précisément la liberté de mouvement des capitaux. Et donc de l'or. Cela provient du choix politique dont on vient de parler. Mais la guerre a changé les choses: la livre libanaise a tenu bon jusqu'en 1984 mais le change positif par rapport au dollar a été perdu. En revanche de 1984 jusqu'en 1990 ce fut la dégringolade: il fallait 800 livres pour obtenir 1 dollar. Et de ce fait il y a eu une substitution. C'est là où le dollar s'est imposé naturellement dans les transactions. Cela colle au moment où toutes les Milices communautaires se sont constituées pour faire leur mini-Etat. Cela s'est organisé en profondeur en réaction à une inflation galopante. Il n'y avait plus d'unité de mesure pour les gens. Pourquoi le dollar et pas le mark ou le franc? Pour une raison toute simple, à partir de 1973 avec la flambée des prix du pétrole, les transferts sont tous passés en dollars. Ensuite beaucoup de Libanais ont émigré vers le Golfe et ont envoyé de l'argent, des dollars, à leurs proches. Ajoutez l'inflation, et cela s'est fait naturellement. Personne n'a pris de décision en ce sens... aucun banquier central, aucun politicien. P. J. Les Américains ont tout fait pour empêcher le Liban de devenir la place financière de l'or au Moyen- Orient.. . C. N.: Je ne vais pas nier que les Américains ont commencé à grincer des dents à la fin des années 60 et cela s'est accentué au fil des ans. Mais les pressions des Américains pour empêcher l'or étaient déjà là bien avant, d'ailleurs 1971 en est la conséquence. Ils ont tout fait pour freiner et pas contre le Liban seulement. En 71 il y a deux choses: n'oubliez pas qu'en 1967 le Canal de Suez a été fermé et que l'activité du port de Beyrouth a acquis une importance inimaginable avant. Tout passait par Beyrouth, il y eut un essor incroyable, sans parler du boom pétrolier de 1973. En 75 quand la guerre civile est arrivée, Beyrouth vivait une période de folie. Donc l'or n'a pas été déterminant. Des millions se sont déversés dans le port. La monnaie c'est avant tout une unité de compte. Donc aujourd'hui au Liban le dollar est la monnaie de fait, la livre n'est utilisée que pour les petites transactions, le pain, l'essence, etc. Mais pour acheter une voiture, un terrain, les Libanais parlent en dollars. P. J. Quelles conséquences jusqu'à la situation actuelle ? C. N.: En 1984, pendant la guerre, le parlement -constitué de gens élus en 1972, donc des personnes de l'ancien "régime"- voyant l'inflation, l'effondrement de la livre et les milices prendre le contrôle du territoire a eu une réaction de conservation et les parlementaires ont voté une loi interdisant toute forme d'utilisation de l'or, de le céder, de l'hypothéquer, etc. Ils ont gelé l'or. Il faut dire qu'en 1964 on a créé la Banque Centrale du Liban et l'État lui a confié son or. Cet or n'appartient pas à la BCL mais bien à l'État. Raison pour laquelle dans la loi pour la BCL ils ont prévu que tout bénéfice réalisé sur la cession de l'or, 80% devaient être reversés à L'État. Les gens de cet ancien régime ont figé l'or et on se retrouve aujourd'hui... P. J. Avec l'un des pires déficits de la planète... C. N.: En 1990 les chefs de milice ont pris le pouvoir, alliés via l'accord régional parrainé par les Américains, un condominium syrio-saudi-américain ,qui s'est traduit par l'accord des chefs de milice et Hariri qui était le représentant des Saoudiens... Et des milices pro-syriennes faisant partie du club. Mais cela n'a strictement rien à voir en terme de structure ou de classes sociales comme avant avec la bourgeoise marchande de Beyrouth francophone etc. Il y a eu un changement de régime en 1990.
C'est désormais un autre monde. Et ils ont opté pour une politique fiscale, monétaire et sociale expansive qui n'a rien à voir avec celle qui prévalait avant: il leur fallait placer leurs copains, on dépense à tout va, et l'État est structurellement déficitaire... Et les gens était contents parce que les Saoudiens et Hariri étaient là, et qu'on allait gagner de l'argent etc. Cette politique est antithétique à celle qui prévalait avant. P. J. A la fin de la guerre civile le déficit était de 3 milliards de dollars... C. N.: Malgré la guerre ! P. J. Et aujourd'hui elle atteint les 90 milliards de dollars... C. N.: Cette perspective historique a remis les choses en place... Et c'est justement ce système politique et monétaire actuel qui s'est effondré fin décembre 2019. P. J. Est-ce qu'en revenant à cette politique précédente le Liban pourrait se remettre du chaos bancaire qui règne aujourd'hui dans le pays? C. N.: Pas évident quand vous avez 30 années de politique de gaspillage! Cela créé des effets irréversibles, ce n'est pas quelque chose que vous pouvez changer du jour au lendemain, les comportements, les allocations de ressources, etc. Vous n'inversez pas une situation aussi enracinée. C'est un vrai défi. Perpétuer cette politique des Milices est impossible. P. J. La crise financière actuelle en Europe a accéléré la démise du système bancaire libanais ? C. N.: Ce qui donne une importance à ce qui se passe ici au Liban à vos lecteurs français, c'est que nous vivons une situation caricaturale, une forme extrême de ce qui se passe dans le monde. La financiarisation du monde dont vous décrivez les effets, au Liban est un cas EXTRÊME de financiarisation, jusqu'au bout. La question des déplacements, des immigrés, de migrants, etc. qui anime la scène française, nous, nous l'avons vécue aussi de manière EXTRÊME, que ce soit l'immigration des étrangers ou l'émigration des Libanais. Nous sommes un cas extrême. Le sentiment d'identité, l'Islam, au Liban c'est poussé à l'extrême. Nous sommes un laboratoire de ce que les gens vivent ou vont vivre chez eux. P. J. Imaginez que vous prenez la tête de l'État, vous envisagez de remettre en place la première politique monétaire libanaise (avec ses excédents transformés en lingots) ? C. N.: Impossible de passer de cet État-ci à un État fonctionnant au "laissez faire". Il y a une transition à effectuer. Nous assistons à la fin d'un régime où tous les ans nous avons enregistré un déficit de notre balance courante, en moyenne 25% du PIB, et on finançait cela sans problème avec l'attraction de capitaux. On s'est retrouvé EXACTEMENT dans la position d'un pays pétrolier qui arrive à la fin de ses réserves mais qui a accumulé des capitaux, sauf qu'ici au Liban nous n'avons accumulé que des dettes publiques, privées, bancaires, etc. Nous parlons de montants colossaux genre 240 milliards de dollars sur 30 ans qui ont été injectés et amplifiés par l'effet multiplicateur de crédit comme demande domestique. C'est gigantesque. Tout le Plan Marshall pour l'Europe exprimé en dollars d'aujourd'hui représente moins que l'afflux de capitaux que le Liban a engrangés durant cette période. Ces fonds ont financé un mode de consommation luxueux que tout le monde peut voir en arrivant ici. (note: ci dessous les Terrasses de Beyrouth, immeuble ultra luxe et magnifique folie architecturale trônant à côté du non moins luxueux Phenicia Hôtel dont la seule rénovation a coûté 200 millions de dollars !)
Et c'est ça qui s'est effondré, avec le passif qui reste là. Avec un pays pétrolier vous n'auriez pas eu de passif, vous auriez épuisé vos ressources, point. Alors gérer ça... P. J. Quel est l'avenir du Liban selon vous ? C. N.: La perte de revenus en flux (les revenus des gens quels qu'ils soient) et en stock (valorisation de leurs actifs financiers et immobiliers)... Ils ont subi des pertes énormes. C'est un choc foudroyant. C'est beaucoup plus fort que ce qui s'est passé à Chypre.
Quand vous avez ça, vous avez une baisse gigantesque des revenus de consommation et cela a un effet immédiat, alors que la baisse des coûts (et les effets que cela peut avoir sur une augmentation de l'investissement et de la production) eux, ne sont pas immédiats, ils sont plus longs à réaliser. Donc, pour une transition économique et politique permettant de remettre le pays sur les rails, il faut une EMIGRATION MASSIVE en réponse à cette baisse brutale de revenus. P. J. Comme la Grèce ? C. N.: Plus que la Grèce. Là bas c'est dramatique, mais ici au Liban ça sera pire. Le passif des banques est énorme... Les dépôts (3 ou 3,5 fois le PIB) dans les banques appartiennent essentiellement aux Libanais ... La dette libanaise est interne. La dette publique c'est la contre-partie partielle des ces fonds là. C'est gigantesque. Face à cela l'ajustement spontané le plus probable -et on en voit déjà les conséquences- c'est une émigrations massive. Tous ceux qui peuvent partir émigreront. Les milliardaires s'en fichent et les plus pauvres ne pourront pas bouger, donc ceux qui partiront seront ceux qui estimeront avoir des compétences professionnelles suffisantes pour trouver du travail ailleurs à l'étranger. Et comme le Liban est petit, cette émigration est absorbable. Si ces gens émigrent et que c'est eux qui consomment le plus de produits importés, eh bien c'est ça qui va réduire le déficit extérieur. Le souci avec ça est que toute une société s'effondre et on rentre dans un modèle qui n'a rien à voir avec ce qu'on connaît... Ce n'est pas que réduire l'échelle de la dette... Notre mouvement politique propose cette gestion de la transition. On a eu des phases au Liban: phases 1940, 1960, 1980, une période d'ajustement 1990, nouvelle phase 1990-2020 et là nous sommes à un tournant historique du même ordre. P. J. Le Liban va faire un défaut de paiement ? C. N.: Mais il vient de faire un défaut de paiement sur les dépôts bancaires! C'est déjà le cas... C'est un choix technique auquel il faut faire face: est-il judicieux d'assurer d'abord l'approvisionnement de tout ce qui est nécessaire au pays (pétrole, énergie, nourriture) s'il ne vous reste que 1 milliard de dollars ou bien honorer les paiements de nos Eurobonds. Pas un choix agréable...
La réponse n'est pas évidente, cependant les banques ont DÉJÀ FAIT DÉFAUT, mais on le cache, on se le cache. C'est gros comme une montagne...
P. J. La presse ne veut pas le mettre à la une... il y a une sorte de honte. Vous pensez à un rôle dans ce nouveau gouvernement (note: en cours de tentative de constitution) ? C. N.: Non, ce gouvernement, quel qu'il soit, ne peut pas gérer la situation, c'est un changement de régime qu'il faut maintenant. P. J. Il y aura des élections prochainement du coup ? C. N.: Non... Ce dont nous parlons se mesure EN SEMAINES, pas en années. P. J. Combien de temps avant l'arrêt total du système bancaire selon vous ? C. N.: Questions de semaines, pas de mois, ni d'années, ça va être très court. Les banques ont: 1) clôturé leurs comptes actifs-passifs avec les correspondants, et 2) elles ont déjà fait défaut sur leurs engagements domestiques. Les gens ne veulent pas le reconnaître mais ça a déjà eu lieu. P. J. Que va-t-il se passer après ? C. N.: Dès le moment ou les 5 ou 6 chefs des Milices communautaires qui tiennent le pouvoir prendront vraiment la mesure de ce qui se passe, c'est à dire l'effondrement d'un régime et la fin de leur système économique, on se retrouvera en SITUATION D'URGENCE. Et aujourd'hui, les gens au pouvoir -en ce moment même- n'ont pas réalisé l'urgence ! Si c'était le cas, ils ne mettrait pas un mois pour constituer un gouvernement, vous le faites en 3 heures !!! Soit ils ne voient pas qu'il y a le feu dans la maison, soit ils en sont conscients, et ils gagnent du temps, quel que soit le coût, en attendant un miracle! Ce choix est très grave, car il peut arriver n'importe quoi... Prenez la Grèce par exemple où on a vu deux faits majeurs pendant la crise: 1) il y avait toujours quelqu'un au bout du fil au gouvernement, et, 2) les élections ont apporté des modifications brutales de tout le paysage politique. Ici au Liban, il n'y a PERSONNE QUI RÉPOND AU TÉLÉPHONE, Hariri (note: Saad, voir plus haut) qui est censé gérer les affaires courantes est parti en vacances à Paris. C'est remarquable !!! On n'a pas le gars qui a le stylo pour signer !!! On en est là... Supposons que le FMI débarque, mais il n'y a personne au bureau pour les recevoir!!! Même en Yougoslavie ou en Argentine en 2001, il y avait un chef pour signer. Ici à Beyrouth il n'y a personne. Les gens du gouvernement censés expédier les affaires courantes sont en vacances! Propos recueillis à Beyrouth par Pierre Jovanovic Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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Le problème des banques libanaises ne vient pas seulement des soucis vus précédemment. Le secteur s'est pris en pleine figure la crise bancaire européenne (qui dure depuis 11 ans), ce qui a conduit à une baisse notable des investissements au Liban. Avant, Beyrouth était le centre, le relais financier, le "hub" entre le reste du Moyen Orient de l'Afrique, de l'Inde et l'Europe. Avec l'avénement d'Abou Dhabi, de Dubaï et autres places financières arabes depuis les années 2006 (même les Seychelles sont devenues un paradis fiscal), Beyrouth a progressivement subi une érosion de l'afflux de capitaux de toutes sortes. Il fut un temps, Calais était la capitale de la dentelle, Millau des gants, etc. C'est la conjugaison de tous ces facteurs + une politique communautaire, qui a brutalement plongé le pays dans le tumulte monétaire. On se demande même comment ce pays a pu tenir aussi longtemps... Voici une liste des principales banques libanaises qui sont à surveiller de près dans les mois qui viennent: - Bank Audi la plus grande, remonte à 1830, avec 204 agences et 480 DABs, présente dans 10 pays, et gère 43 milliards de dollars - la Fransabank (ex-Crédit Foncier d'Algérie et de Tunisie) avec 120 agences - la BLOM avec 80 agences dont 10 dans 3 pays du Moyen-orient (ci dessous le PDG de la BLOM a traîné ce client en justice parce qu'il l'avait dit d'**** *** ***** et que c'était un maqureau. Il l'a répété 4 fois devant les caméras : -)
- le Crédit Libanais avec 80 agences, y compris à l'étranger - la Banque de Beyrouth avec 70 agences au Liban et 25 dans d'autres pays y compris africains - la Bankmed avec 60 agences - la Banque Libano-Francaise avec 58 agences - la Banque Byblos - la Sociéte Générale de Banque au Liban (SGBL) - Bank of Beirut and Arab Countries - Banque de la Méditerranée - First National Bank - et la Banque IBL avec 20 agences. Après il existe 50 autres banques plus ou moins exotiques genre All Sultan Bank (sic), Lebanon Islamic Bank, Crédit Agricole Liban, Lebanese-Swiss Bank, etc., avec juste 1 ou 2 agences, mais gèrent les grandes et moyennes fortunes (liste complète ici). D'ici quelques semaines, on va assister à un vrai marathon bancaire. Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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P. J.: En pratique cela se passe comment ? On a du mal à réaliser tout ce que cela implique... C. K.: Depuis le 17 octobre nous sommes obligés d'aller physiquement à la banque chaque jour, leur apporter du cash et des dollars américains pour que le ou les virements soient faits. Rendez-vous compte, nous devons d'abord trouver des dollars américains, et aller à la banque ensuite... C'est impossible. Même les citoyens doivent attendre 3 heures juste pour avoir quelques dollars. Et pour ceux qui en ont, ils les gardent à la maison... Il y a peut être 4 milliards de dollars qui ont été ramenés par les gens chez eux dans tout le pays, donc moins de dollars en circulation, et du coup les banques augmentent les restrictions. Puis le cours du dollar grimpe, causant encore plus de problèmes. P. J.: Avant la crise quels étaient les montants en dollars que vous sortiez pour vos fournisseurs ? C. K.: Entre 250.000 dollars par semaine, parfois 1 million et même 2 millions, nos fournisseurs sont en Espagne, à Paris, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne. On importe du monde entier, mais 70% vient d'Europe. On choisit en fonction des urgences, on raisonne par priorités. Depuis le 17 octobre, on a même annulé des commandes qu'on ne pouvait pas payer par virement bancaire. Nos clients ont compris la situation. P. J.: Vous avez assez de dollars en trésorerie pour le roulement ? C. K.: Oui mais pas assez pour couvrir tout ce dont on a besoin. La trésorerie est bonne pour les opérations quotidiennes. On peut payer les salaires, mais pour combien de temps encore? On ne sait pas combien de temps tout cela va durer. Vous savez 30% des salariés libanais secteur privé restent à la maison, ils ne travaillent pas parce que tout est au ralenti. Le chômage au Liban était de 40% avant la crise, surtout des jeunes, mais après la crise il a encore augmenté puisque les entreprises ont licencié massivement pour pouvoir tenir. Ou bien ont baissé les salaires de 50%, ou demandé à leurs salariés de ne travailler que 2 jours au lieu de 5, et ainsi de suite.
P. J.: Il existe deux monnaies au Liban, comment payez vous les salariés alors, en dollars ou bien en livres libanaises ? C. K.: Avant la crise, on payait en dollars ce qui n'était pas un problème puisque la lire était échangée en dollars et inversement. Mais maintenant, les entreprises payent les salaires en livres. P. J.: Mais comment gérez vous la différence de cours, entre l'officiel et celui des changeurs ? C. K.: Le cours officiel donné par la Banque Centrale du Liban est de 1517 livres pour 1 dollar (note: au moment de l'interview mais le cours au marché noir est de 2450 livres pour 1 dollar, ce qui a vraiment aggravé la situation. Du coup les banques ont fermé pendant 15 jours. On perd beaucoup d'argent à cause de cela, plus de 40%... Et le cours ne cesse de monter, on est passé de 2000 à 2450 livres en juste une semaine. On va arriver à 3000 et ce sera catastrophique. Pour tout le monde. P. J.: Et l'or ? Les gens s'en servent pour payer ? C. K.: J'ai demandé l'autre jour à l'un de nos contacts s'il avait des pièces d'or libanaises. Le souci est que le prix de l'or est en dollars ! Voici 5 mois, la pièce d'or libanaise était à 290 dollars, et hier j'ai demandé le prix à mon fournisseur: il m'a dit qu'elle était maintenant à 375 dollars ! Et qu'il n'en avait plus une seule ! Si je trouve une pièce d'or je devrais payer 390 dollars et si je paye en livres, eh bien ça sera le double ! P. J.: Et vos clients, ils vous payent en cash ou en virements ?
C. K.: Les deux. Notre patron va tous les matins à la banque, ensuite chez les changeurs, parce que le cours bouge chaque jour. Il essaie de faire au mieux pour nous dans cette situation. Nous sommes 25 salariés ici et la chose la plus facile pour un patron consiste juste à licencier des gens. On n'a pas eu de licenciements jusqu'à présent. Vous savez, beaucoup d'entreprises sont déjà allées au tapis depuis le début de la crise bancaire, soit 3 mois. Les restaurants, les écoles, les hôpitaux, tout ferme. On n'a aucune statistique de l'État, qui d'ailleurs ne donnait aucune statistique même avant la crise, mais on estime qu'environ 2.000 entreprises ont fermé ces 3 derniers mois. J'ai appris que l'ambassade canadienne ici a reçu 500.000 demandes de visa. D'ailleurs le taux d'émigration des Libanais a augmenté de 42% entre 2018 et 2019.
Les hôpitaux ont fermé parce qu'ils n'avaient plus le nécessaire, médicaments entre autres, pour continuer à soigner les gens. Nous sommes en mode survie. Il y a les entreprises qui meurent et celles qui vont survivre en faisant tout leur possible pour ne pas faire faillite. Et dans toutes les industries. Même les écoles privées (note: il y a très peu d'écoles publiques au Liban) parce que les parents ne peuvent plus payer la mensualité. Seuls 8% des parents d'élèves ont payé la mensualité de leur ou leurs enfants !!! Ces écoles ne tiendront pas. Elles, comme les universités et les restaurants vont fermer. C'est une situation contagieuse. Si ça dure encore deux mois, ce sera catastrophique. P. J.: Comment faites-vous avec les coupures d'électricité, je veux dire en tant qu'entreprise ici chez Dental Medical Supplies ? C. K.: On est habitués. On sait par exemple qu'on aura une coupure à 14 h, vous avez de la chance vous ne serez pas affecté. N'oubliez pas, cette crise, on la doit aux banques, et du coup tout le monde, particulier, entreprise et industrie est touché. Propos recueillis à Beyrouth le samedi 11 janvier 2020 par Pierre Jovanovic pour Quotidien.com Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.quotidien.com 2008-2024
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